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J'ai la chance d'avoir un homme plus que clean, genre de mec dont tout le monde me dit " t'as de la chance d'avoir un mec pareil". Des fois, c'est lourd à porter, parce que forcément, à coté de lui, je fais pas le poids. Genre, dans mon dos, ça doit être " putain, mais qu'est ce qu'il fout avec elle ??". Bah, c'est sur, il a ses défauts, puis moi je suis exigeante et perfectionniste alors forcément, des défauts, je lui en trouve encore plus, mais des fois, même si ça me soule de l'admettre , je me dis que si je l'avais pas rencontré, aujourd'hui, je serai soit dans un sale état, soit déjà 3 mètres sous terre.
Mais bon, justement, c'est que lui et moi, on fait pas partie du même monde à la base, alors ça a été des années d'adaptation au quotidien, parce que lui c'est le fils unique qui a tout eu, l'enfant prodige, centre de l'univers, moi je suis celle qui est arrivé comme un cheveu sur la soupe et qu'a trouver, en plus, moyen de se faire remarquer par la suite. Par contre, lui, même s'il a tout eu, dans son package, il a eu des parents alcooliques, aimants certes, mais alcooliques. Ils se cachaient pas, mais mon homme a mis des années à l'admettre, genre ça fait 2/3 ans qu'il arrive à considérer que se faire chopper à 9h du mat avec 1.2g dans le sang, c'est pas dans la norme. A coté de ça, ils ont été des crèmes avec lui. Tandis que mes parents sont des gens " droits et respectables" ( dans leur reve, surtout), et leur plus grand défaut est surement d'avoir été si égoistes, si mal aimant et si violenst. L'alcool, ça a laissé des marques sur mes beaux parents, mais la violence de mes parents n'a laissé des marques qu'à mon frère et moi, et encore, c'est dans la tête que ça se passe chez nous, alors l'honneur de mes parents est sauf, les photos de famille sont jolies.
 
Alors bon, lui, avec ses parents particuliers, quand je l'ai connu , c'était le mec sans histoire, qui buvait pas, se droguait pas, le mec sérieux dans ses histoires de coeur, fidèle, intentionné et aimant, le mec bosseur, bref, le fils revé des momans. Moi, j'étais une loque, toujours a trainer et a récuperer mes heures de sommeil sur les bancs du lycée ( surtout dans la cafet' du lycée en fait), j'avais le coeur en bouillie parce qu'un zorro me l'avait saccagé, j'avais une forte propension à l'autodestruction, je me nourrissais de café, de téquila, de lexomil et portion de frites que je partageais avec mon beauf et je prenais un plaisir malin à saccager le coeur des mecs que je m'amusais à rendre fou amoureux de moi pour mieux les jeter.
 
Alors évidemment, mes parents ont de suite adoré mon homme, ses parents m'ont de suite détestée, ça se comprend.
 
J'en ai fais des efforts pour devenir quelqu'un de présentable, pour rentrer dans les rangs, mais bon, on a beau dire, faire, penser, il y a des trucs en moi qui veulent pouvoir réapparaitre : mes démons. J'ai du mal à trouver ma place dans ma vie, la gentille maman de 4 bambins, blanche et pure comme la neige, qui entretient sa jolie maison et repasse les chemises de son homme. Aux yeux des autres, je suis crédible, pas aux miens, ni à ceux de mon homme, qui voit bien que la ptite flamme dans mes yeux a foutu le camp.
Pourtant, il se bat le bougre, pour que je puisse laisser libre cours à ma personnalité, il a jamais hésité à m'envoyer à l'autre bout de la France pour aller voir un concert, sachant que là bas, je renouerai avec mon passé l'espace d'un week end. Pas évident pour lui d'admettre que tous ses efforts ne me feront jamais aimer la ptite vie fadasse qu'on s'est construit, que dans ma tête souvent, je pars revivre de vieux souvenirs, que j'ai terriblement peur d'oublier.
Et pourtant dans mon paradoxe, pour rien au monde, je lacherai ma vie avec lui, je regrette rien du tout, sauf peut être, de pas être à la hauteur du bonheur qu'il m' offre, d'être incapable de me fondre dans le décors, d'accepter d'être une femme comme des millions d'autres, accepter de vieillir, oh rien de physique, m'en fous de pas être la plus belle, mais m'en fous pas de me dire que les années passent et que j'en fais rien de ces années. Elles passent et me retirent mon droit à l'insouciance, le doit à l'inconscience.
 
Pour lui, c'est pas évident non plus d'accepter que ce qui gache notre présent, c'est mon passé, celui où il n'existait pas, et puis après quand il existait, tout ce pan de ma vie où il se sentait largué pas à sa place. Il était dépassé par les coups de fil en pleine nuit , de ma petite soeur me suppliait de venir , parce que mon frère, archi défoncé, se battait avec ma mère, archi à cran. Et que j'y allais, sans sourciller, me mettre entre les deux, recevoir à leur place les coups qu'ils se destinaient, parce que mon père était au boulot et que ma grande soeur s'en foutait, et que fallait bien que quelqu'un les sépare avant que ça finisse en drame. Il a eu du mal à comprendre que je n'acceptais d'entendre aucune critique à l'égard de mon frère, pas non plus d'entendre dire que c'était une loque, qu'il était malade, ça me foutait dans des colères folles, j'aurai saigné celui qui égratignait mon frère, parce que mon frère, il souffrait et personne ne comprenait vraiment de quoi.
 
Il a, aussi, dû essuyé toutes mes larmes, quand le soir, je pensais à mon frangin, que je m'inquiètais, je flippais qu'on le retrouve massacré par des loulous à qui il devait je ne sais combien, ou bien tout simplement qu'on le retrouve mort d'avoir abusé de son auto médicamentation. Toutes ses nuits blanches où je pleurais contre son épaule, parce que ras le bol de cette famille, ras le bol de ce que nous infligeait mon frère, ras le bol de me battre contre tout le monde tout en sachant que j'avais tort. Et mon incapacité à prendre mon frère et à le sortir de là, comme lui m'avais prise et sortie de là.
 
Maintenant, mon homme, il doit faire avec l'idée que je ne serai jamais plus heureuse que je ne le suis aujourd'hui, qu'il y aura toujours une part de moi qui essaiera de détruire le reste, et que je cherche même pas à lutter, parce que cette part de moi, c'est ce qu'il me reste de ce que je suis vraiment, c'est ma petite part de liberté, le ptit truc qui fait que j'arrive à m'extasier en façade devant les femmes embourgeoisées qui constituent mon nouveau voisinage, que j'arrive à ne pas sombrer complètement.
Parce qu'il ne faut pas se leurrer, je ne serai jamais une femme en tailleur chanel avec des seins chirugicaux papotant autour d'un thé du dernier numéro de "point de croix" . Mon regard ne s'allumera jamais de mille feux devant une bague qui brille, devant un compte en banque plein de fric, devant le luxe que peut procurer ce fameux compte en banque. Je ne sais pas écouter RTL , le regard plein de nostalgie en écoutant des jolies chansons d'amour de quand-qu'on-était-jeunes, tricotant un joli pull pour mon homme adoré, repensant avec émoi au jour de notre rencontre.
 
Mais, je ne suis pas malheureuse, il ne faut pas croire. Juste inadaptée.
 
Un psy ferait bien l'affaire, on me l'a souvent dit, un bon psy qui te recadre, qui t'adapte, t'ajuste. Mais je ne veux pas, je veux continuer à passer des nuits, seule, avec mes cds, à me charcuter l'esprit, à me faire peter le coeur, à revivre mes cauchemars. C'est mes moments de liberté, ceux où je peux m'autoriser à être comme je veux, sans me soucier du regard de mon homme, de mes mômes, sans leur infliger cette part de moi un peu déjantée.
 
C'est sur, c'est un peu égoiste tout ça, de pas aller plus loin de mes efforts pour que notre vie si harmonieuse, égoiste de laisser mon homme face à son incompréhension, de pas lui dire ce qui me bouffe au fond de moi pour qu'il m'aide à tourner la page. Êgoiste aussi, parce que des fois, je charcute son coeur, c'est une des choses que je sais mieux faire, il  y a des fois où je voudrais qu'il me déteste, qu'il me jette, pour que j'ai plus à faire des efforts mais que ce soit pas de ma faute, genre si je suis une loque c'est d'avoir perdu l'amour de ma vie. Mais, j'en crèverai de le perdre, parce que des mecs comme lui, ça court pas les rues, parce que pour lui, j'ai vendu mon âme plus d'une fois et je la vendrai encore, juste pour le garder près de moi. Même si, de toute évidence, il mérite mieux, que beaucoup lui disent, mais qu'il ne veut pas l'admettre.
 

Ecrit par Ernestine, le Samedi 17 Septembre 2005, 16:07 dans la rubrique "1001 pensées".

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Commentaires

funambule

funambule

19-09-05 à 21:57

Sourires..

C'est une jolie lettre
Dommage pour lui que l'intéressé ne la lise jamais..

Et ce n'est pas un reproche..
Chacun a un peu de cela en soi..
( enfin les gens qui ont un peu d'intérêt, les vivants, pas les "à genoux"..)

Tu en as sans doute plus que beaucoup d'autres en toi..
Cela fait partie de toi..
Il faut parfois accepter cette part de soi..

Des sourires..
                          Olivier


Re:

Ernestine

Ernestine

20-09-05 à 10:25

Ce serait quand même plus simple, d'être à genoux. C'est peut être même le seul moyen d'enfin accéder au bonheur promis.

bises


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